Dépendant autrefois de l’abbaye de Déols, Notre Dame d’Huriel est un magnifique édifice roman du XIIe siècle. Contemporaine de la Toque, elle est construite dans le même granit.
Placée aux confins de l’Auvergne, de la Marche limousine et du Berry, c’est-à-dire au milieu des anciens territoires celtiques des Arvernes, des Lémovices et des Bituriges, l’église présente les influences architecturales suivantes :
- Caractère auvergnat : le clocher, passant du carré à l’octogone.
- Caractère limousin : les fenêtres encadrées de boudins reposant sur des colonnettes.
- Caractère berrichon : les étroits passages latéraux faisant communiquer la nef avec les bras du transept.
À l'intérieur
Les tableaux
Le chœur
Près du chœur (partie de l’église où se trouve l’autel), sur le bras du transept (galerie transversale d’une église qui forme les bras de la croix), deux fresques (manière de peindre avec des couleurs détrempées dans de l’eau, sur une couche de mortier frais à laquelle elles s’incorporent) ont été mise à jour en 2003 : une de la fin du XVIe siècle représentant Saint Martin dans l’épisode de la charité (aumône, bienfait), l’autre datant du XVIIe siècle figurant une Annonciation (message de l’ange Gabriel à la Vierge, pour lui annoncer qu’elle sera la mère du Messie).
La grille du chœur, datant du XVIIIe siècle, est un véritable chef d’œuvre de ferronnerie. Classée objet historique depuis 1841, elle est formée de volute en fer forgé, assemblées sans aucune soudure ni rivet !
Informations techniques
L’église Notre Dame d’Huriel a été classée Monument Historique en 1862.
Lorsque l’on entre dans le monument par la porte sud on trouve la cuve cylindrique en granit à usage de bénitier. L’impression de volume surprend ; elle est due à une nef unique, c’est-à-dire sans collatéraux.
Ses dimensions sont les suivantes :
- Longueur totale : 45m
- Largeur de la nef : 10m
- Largeur du transept : 23m
- Hauteur de la voûte : 12,50m
- Hauteur de la coupole : 16m
Les vitraux
Cette église est baignée d’une grande luminosité grâce aux 22 vitraux ou oculus qui se trouvent de part et d’autre de la Nef.
À la croisée du transept, se trouve une magnifique coupole à 8 pans dont les éléments architecturaux qui la composent forment un dispositif exceptionnel, permettant de passer du carré à l’arrondi aux moyens de pendentifs, arcs, corniches, trompes, arcatures et les chapiteaux des piliers. Leurs motifs (assez frustes car réalisés dans le dur granit de la région) représentent des entrelacs, des feuillages d’acanthe, des figures humaines grossières ou animaux fantastiques.
À mi-hauteur dans le mur, on remarque un petit vitrail qui, le jour du 15 août (fête de l’Assomption), éclaire pleinement l’autel. Cette intention des constructeurs montre la dédicace de l’église à Notre.
Différents monuments
Sur la droite du transept, des peintures murales, ont été mises à jour au début des années 2000. L’une montrant Saint Martin dans l’épisode de la charité, l’autre faisant l’objet d’une discussion entre spécialistes. Pour les uns, il s’agit d’une Annonciation, pour les autres, le thème en est « Jésus priant au jardin de Gethsémani ». La datation de ces fresques divise elle aussi, mais la tendance est en faveur du XIVe siècle.
Dans une absidiole, se tient une statue représentant Notre Dame d’Huriel, du XVIe siècle, vierge assise ayant probablement remplacé une vierge noire, si l’on en croit un fait remontant aux guerres de religion, rapporté par plusieurs auteurs. En pénétrant dans la petite chapelle, qui rappelle la disposition d’origine des lieux, c’est-à-dire l’implantation initiale du prieuré (XIe siècle), puis de l’église Notre Dame, reliés à l’époque par un cloître ; on peut observer les vestiges de sarcophages, trouvés sur place en 1986/1987, auxquels les spécialistes attribuent une origine gallo-romaine avant un remploi dans une nécropole mérovingienne, prouvant qu’Huriel est bien une cité antique.
Une statue de la Vierge fixée sur une vis de pressoir, rappelle la tradition millénaire du vignoble d’Huriel, aujourd’hui disparu.
On remarque aussi la présence d’un monument aux morts. Plus d’une centaine de jeunes huriélois ont trouvé la mort au cours de la guerre 1914-1918. Après le conflit, en 1923, la paroisse a tenu à ériger ce monument, lieu de recueillement pour les familles dont les fils, pour la plupart, n’ont jamais eu de sépulture.
De la tribune, la vue magnifique sur l’intérieur du monument tout entier conforte le visiteur dans l’impression d’immensité liée à ce volume inhabituel et remarquable pour une construction si lointaine.
La chapelle Saint Michel confirme l’origine clunisienne du monument : « Déols subit l’influence de Cluny et chacun sait la grande dévotion des moines clunisiens à l’archange Saint Michel » (Abbé Duteil). C’est ici que s’établit le lien avec le pèlerinage de Compostelle, les moines de Cluny étant les principaux initiateurs de celui-ci.
La cuve baptismale cylindrique est ornée d’un cordon en forme de serpent qui semble repousser les flammes lancées par un animal du type dragon. On peut aussi y voir une statue représentant « Saint Michel terrassant le dragon ».
Dans les deux cas, le dragon peut symboliser les anciennes croyances païennes …
À l'extérieur
Sur la façade, on observe des modillons sur la corniche et un cordon de billettes qui fait le tour de l’édifice. Le porche (ou narthex) est composé de trois travées ouvertes surplombées (à l’intérieur) par la chapelle Saint Michel. L’ancien prieuré, aujourd’hui, propriété privée a été magnifiquement restauré en 2016 par M. et Mme Lagrange. Ce prieuré, mentionné dans une bulle papale de 1115, est à l’origine de la construction de l’église Notre Dame, église prieurale autant que paroissiale.
Des recherches récentes ont montré qu’Huriel a probablement été un lieu de passage des pèlerins vers Compostelle, comme l’attestent la présence, en plus du prieuré bénédictin et de la chapelle Saint Michel, d’un hôpital, d’une maladrerie, d’un cimetière…
Sources
- Association « Huriel au fil des siècles ».